Un peu d’histoire (1859-2018) 

Le premier cimetière a été établi la même année que la fondation de la paroisse en 1859. La première inhumation eut lieu le 24 octobre 1859, dont voici le texte tel que rédigé dans le premier registre paroissial.

« Le vingt quatre octobre mil huit cent cinquante neuf, nous prêtre, soussigné, avons inhumé, dans le cimetière du lieu, le corps de Julie Giguère, décédée à St Germain de Rimouski, l’avant-veille, à l’âge de soixante neuf ans, épouse de Régule Banville, pilote de St Germain. Furent présents Hubert Lepage et Nazaire Ross, qui n’ont pu signer.

JB Blanchet Ptre »

La seconde inhumation présente un intérêt particulier, car elle se reporte à un personnage encore reconnu à Saint-Anaclet, dont la descendance y est encore très importante. Voici la transcription intégrale telle qu’elle paraît au registre.

« Le seize novembre mil huit cent cinquante neuf, nous, prêtre soussigné, avons inhumé, dans le cimetière du lieu, le corps de Cyrille Lavoie, décédé le treize du même mois, à Ste Luce, à l’âge d’environ trente six ans, époux d’Angélique Ouellet. Furent présent Pierre Lavoie et Nazaire Ross qui n’ont pu signer.

JB Blanchet Ptre »

Notre cimetière contient plus de 3000 inhumés dont environ 50 % ont leurs noms sur une pierre tombale. Ceux qui possèdent une pierre tombale ont presque tous été enterrés après 1900. Avant 1900 et jusqu’aux années 1930 à 1940, beaucoup de monuments étaient fabriqués en bois ou encore, ils n’étaient qu’une simple croix de bois. Même si ce dernier était un matériau noble, sa vie dans la nature était éphémère, surtout si l’entretien laissait à désirer. Au fil des ans et à plusieurs reprises, les administrations ont dû effectuer des réaménagements dans le cimetière dont certains ont été majeurs. À titre d’exemple, la grande majorité des lots du cimetière près de l’église en sont probablement à leurs deuxième ou troisième concessionnaires depuis sa création. Puisque plusieurs lots n’étaient pas entretenus, des actions ont dû être prises pour pouvoir remettre de l’ordre dans le cimetière. Dans les années 1980 à 2000, plusieurs lots abandonnés ont été regroupés dans le coin sud-ouest. Les pierres tombales encore potables ont été repositionnées sur des bases entre les monuments déjà présents. Donc, dans cette section du cimetière, la présence de certaines pierres tombales ne correspond pas nécessairement au corps de l’inhumé qui s’y retrouve. Nous avons été dans l’impossibilité d’identifier ces pierres déplacées, car aucun document n’a été trouvé concernant leurs lots d’origine.

Au fil des ans, la gestion des cimetières a évolué. À l’époque, les grandes familles exigeaient de posséder des lots immenses, compte tenu du grand nombre de personnes à inhumer par le concessionnaire du lot. À cette époque, les inhumations se faisaient exclusivement dans des cercueils en bois. La nature faisant son œuvre, cela permettait, 40 ans plus tard, de placer un cercueil par-dessus la première inhumation. Sachant que l’espérance de vie était plus faible que celle d’aujourd’hui, la gestion des cimetières nous apprend que des fléaux ont frappé et presque décimé des familles entières, provoquant une très grande fréquentation des cimetières paroissiaux.

Toujours à la même époque, un autre aspect non négligeable est que le taux de mortalité infantile était très élevé, ce qui créait un nombre important d’inhumations. Dans bien des cas, la mère et l’enfant décédaient, victimes d’accouchements difficiles ou de maladies contagieuses.

Lorsque nous avons informatisé les données relatives à notre cimetière, les personnes qui ont effectué ces travaux ont été surprises de voir à quel point des familles ont été éprouvées par ce taux de mortalité. À cette époque, ni psychologues ni psychiatres n’apportaient de soutien aux familles, et la foi de ces gens a porté leur malheur; la croyance qu’un ange était alors au ciel les aidait à continuer d’avancer. Soutenues par l’Église, ces familles continuaient à faire des enfants souvent rappelés à la mort dans les années suivantes.

À l’époque, le rituel funéraire était différent. Les personnes décédées étaient exposées dans les maisons. Les funérailles avaient lieu à l’église et l’inhumation se faisait au cimetière de la paroisse, exception faite pour les cas de mortalité accidentelle non naturelle. Au tournant des années 1960, les salons funéraires ont fait leur apparition, et leurs nouvelles offres ont influencé la gestion des cimetières. Les dépouilles mortelles étaient inhumées dans un cercueil en bois; les familles plus à l’aise financièrement optaient pour des cercueils en acier. L’arrivée de ce type de cercueils a grandement modifié la gestion de leur emplacement, car leur durée de vie dépassait celle de l’homme. À partir des années 1980, le virage dans les rites funéraires s’est accentué si bien qu’aujourd’hui plus de 80 % des gens optent pour l’incinération; l’urne funéraire nécessite moins d’espace dans nos cimetières. Du fait que les gens s’identifient de moins en moins à leur paroisse, une partie des paroissiens choisit de déposer leurs urnes funéraires dans des mausolées ou des columbariums.

Bien que les us et coutumes aient changé, il demeure important de s’occuper de notre cimetière de manière responsable, dans le respect de tous ceux et celles qui y sont inhumés. Depuis une dizaine d’années, la Fabrique procède à environ une vingtaine d’inhumations par année. De plus en plus, nous mettons en terre des urnes, et la nécessité pour les familles de posséder un grand lot s’amenuise. La gestion du cimetière s’en trouve facilitée, car la location de plus petits terrains augmente la possibilité de l’offre à la population et repousse les besoins d’expansion. Quand tout l’espace disponible sera occupé, nous devrons commencer à réévaluer notre gestion des lots non renouvelés par les familles, comme cela se fait en Europe. Pour le moment, même si personne dans la descendance des inhumés ne se manifeste, nous tolérons cet état de fait; mais un jour nous devrons envisager de libérer ces lots non réclamés pour les rendre disponibles aux gens désireux de louer une concession.

Maurice Lepage, président